Adrien Mondine (né en 1985) est diplômé de l’École d’architecture Paris-La Villette en 2009. Il fonde Oyapock architectes en 2016 avec Florent Descolas (né en 1983) et Mathieu Garcia (né en 1977) à Paris, et Raphael Franca (né en 1983) et Rodrigo Tamburus (né en 1988) à São Paulo (Brésil). Ils sont lauréats de la session 2019 du prix européen 40 under 40 et du concours Europan 13 en 2015.
Le portrait
À l’aune des crises et des besoins cruciaux qui se nouent, les trois architectes parisiens d’Oyapock éprouvent une envie pressante d’accorder leurs convictions citoyennes et leur métier d’architecte. Cette exigence morale les a amenés à remettre à plat leur pratique pour en cerner expressément des valeurs qu’ils expriment ainsi : une architecture raisonnée, respectueuse d’un environnement duquel elle puise ressources, inspirations et mise en œuvre. Joignant le geste à la parole, ils s’imposent une formation aux matériaux biosourcés et aux techniques constructives alternatives, bien décidés à les intégrer dans tous leurs projets. Dans la métropole tourangelle, ils livreront bientôt un équipement sportif bioclimatique à faible empreinte carbone, en bois, paille et chaux, dans un assemblage qui résonne avec le cadre rural.
Le déclic est une commande à São Paulo, au Brésil. Les cinq amis s’y retrouvent en 2015 pour restructurer un lieu prisé au sommet d’une favela, où l’on joue de la samba soirs et week-ends. Il porte bien son nom : Da Laje, qui signifie « dalle ». Il s’agit de faire une dalle de plus avec les moyens du bord. Mais les architectes trouvent les ressorts pour lui donner un plus grand dessein en s’adaptant aux ressources présentes, aux savoir-faire des artisans et à l’économie. Cette expérience sous d’autres latitudes a ébranlé leurs codes et leurs réflexes. Tout aussi fondatrice a été la construction d’un gîte sur l’île d’Oléron, pour lequel ils ont reçu le deuxième Prix régional Construction Bois Nouvelle-Aquitaine 2019. Les quatre petits pavillons, inspirés des traditionnelles cabanes de pêcheurs de l’île, ont été construits avec le bois de douglas issu des forêts limousines, en collaboration étroite avec un charpentier-menuisier de la région. Ces deux projets ont constitué le laboratoire d’un processus qui ne sépare pas la conception de la construction. Une manière de reprendre la main sur toute la chaîne de fabrication mais aussi d’esquiver les automatismes du métier.
Ils travaillaient encore à l’agence Brenac & Gonzalez, où ils se sont rencontrés. Après une expérience de vingt-trois ans cumulée à eux trois, ils décident d’en partir pour créer leur atelier, du nom du fleuve qui coule entre le Brésil et la Guyane française et qui symbolise pour eux le rôle de passeur entre deux cultures. S’ils ont conservé l’efficacité des outils acquis dans cette agence, « une machine puissante », ils prennent aujourd’hui le temps de questionner leurs acquis avec humilité. Chaque projet est l’occasion d’engager une réflexion large et sans frontières. À l’échelle de la ville, ils explorent la densité par le potentiel nourricier des espaces libres au sol et non par le PLU. Penser le plein à partir du vide, ce vieil axiome a été posé dès le concours Europan gagné sur un site à Montreuil, qui a enclenché l’étude d’un secteur de la commune et une recherche sur la ville de demain.
Habités par les questions environnementales et sociétales, ils ont soif de s’enrichir d’expériences nouvelles en saisissant les opportunités qui les rapprochent de leurs confrères outre-Atlantique. Un pied en France, l’autre au Brésil, c’est ainsi qu’ils entendent renouveler et fortifier leur pratique, et s’impliquer dans les bouleversements du monde.
La citation
« Renouer avec une architecture qui puise son inspiration dans un contexte singulier et sa matière dans les ressources locales, naturelles et renouvelables. »

Extension-rénovation d’une scène musicale et d’un bar au sommet de la favela Vidigal à Rio de Janeiro, Brésil, 2018, Oyapock architectes, Adrien Mondine associé à Florent Descolas et Mathieu Garcia, Raphael Franca et Rodrigo Tamburus.
Le projet : Scène musicale
Surplombant la baie de Rio, Da Laje est un lieu bricolé, comme toute la favela. Pourtant on vient de loin pour y danser et profiter de la superbe vue panoramique. Le succès du lieu incite à le rénover et à l’agrandir, mais les conditions du projet sont incertaines : elles dépendent des recettes fluctuantes, de la disponibilité des matériaux et de leurs moyens d’approvisionnement sur ce site à flanc de montagne. Ces modalités ont servi de test quant à la capacité d’adaptation des architectes, aguerris aux processus habituels du métier. La conception s’est faite sur site, les décisions étant prises à l’avancement du chantier. La brique d’un fournisseur du quartier a servi à monter le mur en claustras à la modénature soignée ; celle qui était cassée à former des supports aux jardinières et au bar. Les aciers à béton réutilisés font office de garde-corps, de faux plafond ou de treille végétale. Tous ces matériaux ordinaires prennent un caractère précieux dans leur mise en oeuvre qui confère à Da Laje un statut d’équipement. La structure en acier, qui porte la nouvelle dalle et constitue la pergola, est aussi dimensionnée pour supporter un niveau supplémentaire !
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Contact
Oyapock architectes
14, rue de bretagne 75003 Paris
Rua Teodoro Sampaio, 1322 - casa 2
Pinheiros - São Paulo – SP Brasil
09 84 01 49 44contact@oyapock-architectes.com
www.oyapock-architectes.com@oyapock_architectes
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Fiche technique
Lieu : Rio de Janeiro (favela Vidigal, Brésil)
Programme : Extension-rénovation d’une scène musicale et d’un bar
Maîtrise d’ouvrage : Privée
Maîtrise d’œuvre : Oyapock architectes (mandataire)
Budget : NC
Surface : 600 m2
Calendrier : 2015-2018