Clément Daneau et François Lis (nés en 1990) sont diplômés de l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble (Ensag) en 2013. Ils créent Lis & Daneau Architectes en 2016 à Grenoble. Ils cofondent la revue numérique Lames en 2014 et enseignent à l’Ensag depuis 2020.
Le portrait
Entre l’enseignement reçu et l’exercice professionnel, François Lis et Clément Daneau revendiquent une forme de continuité. Loin de cette idée répandue selon laquelle il y aurait un abîme entre l’apprentissage d’un socle théorique et pratique et l’âpre réalité, ils poursuivent, déterminés, l’exploration des fondamentaux de l’architecture enseignés dans l’exigence. Ils se souviennent encore de la rigueur appliquée à la représentation qui, poussée à sa plus juste expression, mène rarement à un mauvais projet. L’ombre des œuvres tessinoises patiemment analysées et redessinées pour comprendre le geste et l’intelligence constructive imprègne leur travail. Elles ont forgé leur sensibilité pour les matérialités minérales et rustiques, les structures puissantes, « la mise en œuvre précise comme élégance absolue ». Des expériences esthétiques qui font sens aussi dans la géographie alpine du bassin grenoblois où ils exercent.
Leurs réalisations découlent toujours d’une attitude respectueuse à l’égard du site, le point de départ de chaque histoire, une « rencontre » qui met tous les sens en alerte. À l’image de leur personnalité discrète, les deux associés cherchent à régler au plus juste la forme qui ne le déstabilisera pas. Cependant, ils en maîtrisent tous les détails, évoquant le rapport physique au chantier qu’ils affectionnent. Ils ont réalisé de leurs propres mains la restructuration d’un appartement le temps d’un été après leur diplôme. Les commandes à une autre échelle se sont ensuite enchaînées. Depuis, ils refusent peu de sollicitations, voyant dans le brassage des sujets « un gage de liberté ». Leur engagement total n’exclut pas des moments de doute. Ils entretiennent alors des conversations régulières avec leurs anciens enseignants de studio, dont certains partagent leurs locaux. « Cette habitude rend possible la perméabilité à la critique, expliquent-ils. Nous cherchons des regards portés sur la dimension théorique et mentale du projet plutôt que sur l’image du bâtiment publié, qui semble parfois la seule finalité, l’objectif absolu. » Les échanges, prétextes à des débats ouverts, font l’objet de contributions écrites dans une revue numérique, Lames, qu’ils ont cofondée avec d’autres en 2014.
Ils parlent d’architecture d’une même voix, même s’ils préféreraient que leurs travaux le fassent à leur place. Depuis leur rencontre à l’école, à l’exception d’une année en Erasmus et d’une courte expérience professionnelle, ils ne se sont jamais séparés, que ce soit pour les ateliers, les concours d’idées, le diplôme. Leur entente gémellaire leur permet de poursuivre sans relâche ce « chemin d’endurance et d’abnégation » que représente le développement d’un projet. Une croissance d’effectif leur donnerait sans doute accès à des commandes plus importantes qui favoriseraient aussi l’expérimentation de techniques alternatives à celle du béton, ancrée dans cette culture montagnarde. Mais ils veilleront toujours à garder l’esprit vigilant, convaincus que le travail de l’architecte, une suite de décisions et de moments cruciaux, doit survivre à toutes les contraintes.
La citation
« Projeter pour qu’il ne reste rien d’autre que Le site et le lieu La structure et la construction L’espace et la géométrie La matière et la lumière. »

Reconversion d’une église des années 195O en centre d’art, Ugine (73), 2019 (livraison), Lis & Daneau Architectes, François Lis et Clément Daneau.
Le projet : Centre d'art
Construite dans les années 1950 par Claude Fay, l’église désacralisée d’Ugine a été rétrocédée à la commune qui souhaite la reconvertir en espace d’exposition tourné vers l’art contemporain. Les premières études des architectes portent sur les dispositifs et les détails de cette architecture aux accents brutalistes et le référencement de ses matériaux, tous locaux. Le sol, en légère pente du parvis à l’autel, le claustra réalisé à partir de boisseaux de cheminées sur chant, la nef et ses imposants portiques de béton brut… tous ces éléments les déterminent à limiter les gestes qui porteraient atteinte à ce patrimoine. Seule exception, la dépose du claustra au rez-de-chaussée et des moellons de remplissage de la dernière travée. La première vise à convier l’espace public dans l’ancienne église, la seconde la lumière naturelle au fond de la nef. Pour rompre avec l’effet de rituel, l’entrée principale est déportée dans la sacristie qui accueille désormais les espaces servants de la halle d’exposition. À l’intérieur de la nef, deux volumes suspendus en ossature bois et toile de coton tendue règlent toute la technique : acoustique, éclairage, chauffage et accrochage des cimaises.
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Contact
Lis & Daneau Architectes
16, Grande rue 38000 Grenoble
04 76 42 17 68contact@flcda.fr
www.flcda.fr@lis_daneau_architectes
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Fiche technique
Lieu : Ugine (73)
Programme : Restructuration d’une église en centre de médiation culturelle
Maîtrise d’ouvrage : Commune d’Ugine
Maîtrise d’œuvre : Lis & Daneau Architectes (mandataires) ; Bois conseil (BET structure) ; Thermibel (BET fluides, thermique et acoustique)
Budget : 387 000 € HT
Surface : 420 m2
Calendrier : 2017-2019