Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume fréquente l’École des Beaux-Arts dès l’âge de quinze ans, et se forme dans les ateliers des sculpteurs David d'Angers et James Pradier. Ami fidèle des artistes les plus marquants de l’époque, tels que Honoré Daumier, Jean-Baptiste Corot, Charles-François Daubigny, Antoine-Louis Barye ou encore Ernest Meissonier, Geoffroy-Dechaume tisse alors un réseau solidaire sur l’île Saint-Louis. Artistes, poètes et écrivains célèbres s’y rencontrent, comme Théophile Gautier et Charles Baudelaire. Les moulages sur nature, les dessins, les photographies et les estampes de sa collection sont autant de sources d’inspiration qui lui permettent d’imaginer ses modèles. Particulièrement doué pour la conception de modèles d'orfèvrerie, les plus grands orfèvres font appel à lui tel Froment-Meurice pour la Coupe des Vendanges (1844). Mais c’est aussi aux côtés d’architectes renommés tels qu’Eugène Viollet-le-Duc, Jean-Baptiste Lassus, Emile Boeswillwald ou encore Victor Ruprich-Robert, que Geoffroy-Dechaume a marqué son siècle en participant à plus de quarante chantiers de restauration d’édifices religieux et civils, dans toute la France. Dès 1848, il contribue notamment aux chantiers de restauration de deux des monuments les plus célèbres du Moyen Âge: Notre-Dame de Paris et la Sainte-Chapelle.
L’importance numéraire de ce fonds d’atelier d’artiste du XIXe siècle constitue, de par sa cohérence, un fonds d’exception. La conservation de cet ensemble dans les collections nationales du musée des Monuments français, au sein de la Cité de l’architecture permet de réunir plus de 1400 moulages, 385 photographies, 2000 dessins, croquis et calques, 700 estampes, 3000 pièces d’archives. La qualité des œuvres de ce fonds est due à la notoriété des auteurs et à son excellent état de conservation. À titre d'exemple, celui-ci contient des photographies signées Marville, Charles Nègre, Mestral, des dessins d'architecture signés Viollet-le-Duc, Lassus ou Boeswillwald. Sont également présentes des signatures illustres tels Daubigny, Daumier, Baudelaire pour les dessins ou encore Boulard, Callot pour les estampes…Cette acquisition permet aujourd’hui de mieux comprendre les conditions de la genèse du musée des Monuments français et témoigne d’un moment exceptionnel de l’histoire de l’art du XIXe siècle. La totalité des œuvres graphiques et des archives, soit 12 000 vues, seront mises progressivement en ligne sur le site de la Cité de l’architecture & du patrimoine.