Nicolas Besse (né en 1989) et Pauline Gillet (née en 1986) sont diplômés de l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois en 2012. Pauline Gillet avait auparavant suivi un cursus à l’université de biologie à Montpellier et un BTS Aménagement paysager à Nîmes (2007). Nicolas Besse a suivi et obtenu le DSA d’architecte-urbaniste à l’ENSAVT en 2014. Ils exercent en tant que paysagistes concepteurs libéraux au sein de l’Atelier du sillon, créé en 2016 et implanté à Arnac-Pompadour (19), puis à Molières (24).
Le portrait
Paysages ruraux et attachement à la terre résonnent dans le nom même de leur atelier. Nicolas Besse et Pauline Gillet ont posé leurs valises voilà cinq ans dans des territoires qui leur sont familiers, le Limousin puis le Périgord, par besoin d’ancrage au local, mais aussi pour éprouver d’autres réalités de projet après leurs expériences parisiennes respectives. Leurs locaux sont situés au cœur d’une bastide, ces villages au carroyage si caractéristique. Dans cet endroit paisible, ils ont réalisé quelques aménagements discrets, une signalétique, une aire de repos et valorisent trois jardins. De la ligne de crête au vallon, ces trois parcelles reliées par la trame orthogonale témoignent du découpage des terres à l’origine du village et de leur attribution, décrivent les paysagistes qui en ont fait un laboratoire de plantations.
Depuis Molières, leur champ d’action rayonne dans les bourgs et les sites naturels et patrimoniaux remarquables. De fait, il embrasse des échelles très diverses, de l’installation d’un mobilier au grand paysage. Les sujets peuvent être parfois politiquement sensibles. Leur méthode consiste à définir un horizon qui mettra tout le monde d’accord. Elle en décline différents scénarios, une manière de montrer l’étendue des possibles, à l’aide de maquettes ou de dessins à main levée ; ces modes de représentation palpables et appropriables parlent d’espaces et ne figent pas le processus. Si les deux paysagistes dessinent beaucoup, c’est aussi paradoxalement pour éviter l’écueil d’un aménagement surchargé de matériaux, détails ou mobilier… Ils évoquent les enveloppes budgétaires conséquentes qui peuvent être accordées à la valorisation des espaces naturels protégés et autres projets liés au patrimoine. Une tentation pour imprimer sa marque sur le territoire, surinvestir les lieux, quand il faut au contraire simplifier, en faire le moins possible, voire rechercher l’effacement.
Leur entente sur la manière d’appréhender le métier remonte à leurs études de paysage. Ils se sont rencontrés à l’école de Blois, où chacun est arrivé pour des motivations différentes. Pauline Gillet avait étudié le monde des plantes et leur incroyable capacité d’adaptation, et cette entrée par la macro lui a donné l’envie de concevoir avec le végétal. Pour Nicolas Besse, c’est son intérêt pour l’agriculture qui l’a orienté vers cette formation. Ils ont eu l’occasion de parcourir le monde lors de nombreux stages et ainsi de découvrir la variété des cultures des jardins. Une ouverture qui les pousse aujourd’hui encore à ne pas s’enfermer dans leur pratique, pour aller vers des terrains plus expérimentaux. Ils mènent chaque année un projet de conception-autoréalisation, souvent dans le cadre d’appels à projets artistiques. Le prétexte pour se rapprocher des artisans et organiser des chantiers participatifs. Dernièrement, c’était pour le festival Utopia à Vassivière, où ils ont mobilisé la pierre sèche dans des micro-interventions sur une commune rurale. Un muret de pierre, une rampe d’accès à la rivière, un bassin et sa margelle remis au jour… Des propositions simples et justes, fidèles à leur vision du paysage.
La citation
« Être attentif, s’imprégner, dialoguer pour offrir des réponses simples, sensibles et ouvertes aux possibles. »

Réouverture des paysages et découverte du site du Pont de Senoueix, Gentioux-Pigerolles (23), 2017-2020, Atelier du sillon, Nicolas Besse et Pauline Gillet.
Le projet : Découverte d'un paysage
Mettre en valeur le pittoresque pont de Senoueix, éviter le stationnement sauvage, proposer un itinéraire de découverte dans ce paysage de landes et de tourbières, telle était la demande de la commune. Dans ce site remarquable, les paysagistes choisissent de recourir à des aménagements discrets, à la recherche d’un équilibre entre gestion et évolution des milieux, entre accueil des visiteurs et fragilité du site. Le stationnement est placé à distance du pont, masqué par l’empilement de grumes qui dessinent des alcôves dans les bois. Ces coupes de bois sont également utilisées pour les assises en rondins ou comme balisage intuitif pour le cheminement d’accès au pont. Le panorama se découvre au travers de deux ouvertures, ménagées dans les boisements qui ont progressé avec la diminution du pastoralisme. Au creux de la vallée humide, des petites interventions, plus légères et discrètes que le platelage bois souhaité, permettent de parcourir ce paysage au sec et de découvrir les deux ponts de planches en granit. Là encore, le balisage se fait subtil, en s’appuyant sur les singularités du lieu : chaos granitique, arbre tordu…
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Contact
Atelier du sillon
Place de la Bastide 24480 Molières
06 17 66 71 84 / 06 18 17 08 28contact@atelierdusillon.fr
www.atelierdusillon.fr@atelierdusillon
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Fiche technique
Lieu : Gentioux-Pigerolles (23)
Programme : Réouverture des paysages et découverte du site du pont de Senoueix
Maîtrise d’ouvrage : Commune de Gentioux-Pigerolles
Maîtrise d’œuvre : Atelier du sillon
Budget : 70 000 € HT
Surface : 3 000 m2 et 2 km
Calendrier : 2017-2020