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Ornement médiéval et quête spirituelle

Captation de la conférence prononcée le 28 novembre 2013

Borel Julien
(19..-....) Metteur en scène ou réalisateur
Plagnieux Philippe
Commentateur

Les XIe, XIIe et XIIIe siècles furent féconds en débats sur le statut des ornements au sein de l’espace ecclésial. Dès l’An mil à la naissance de l’art roman, prélats et constructeurs cherchèrent des solutions structurelles et décoratives capables de transcender la matière en un idéal immatériel. La conception, dans une folle-enchère, d’édifices de plus en plus resplendissants arriva à son comble au tout début du XIIe siècle. Elle engendra un profond mouvement contraire, appelant au retour de la simplicité de l’Ecclesia primitivae et cherchant à renouer avec l’esprit des temps apostoliques. Les nombreuses communautés canoniales et les nouveaux ordres monastiques, désireux de renouer avec l’expérience du désert primitif, en furent les fer-de-lance : Saint-Bernard de Clairvaux, figure emblématique des cisterciens, n’a-t-il pas lui-même dénoncé la présence de chapiteaux historiés ou figurés, ceux-là même qui faisaient l’orgueil de ses contemporains ? Les moines blancs choisirent en effet le dialogue du végétal stylisé et du géométrisme pur, plutôt que la figure humaine ou animale. À l’opposé de ces courants réformateurs, d’autres monuments furent parés d’un luxueux décor extérieur et intérieur. Le cardinal Mathieu d’Albano, très hostile aux Cisterciens, leur déclara : « vous visez à la simplicité mais dans ce cas, dépouillez vos églises des ornements que vos fondateurs et les abbés, vos prédécesseurs, y ont prodigués… ». Au siècle suivant, l’architecture gothique rayonnante parvint à traduire le surnaturel dans l’espace cultuel grâce à la dématérialisation totale de la paroi et rendit l’édifice semblable à une châsse d’orfèvrerie