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Aux prémices de la "modernité" : cultures, modèles et chantiers : l'héritage du XIXe siècle (1870-1940)

Captation de la conférence prononcée le 6 décembre 2018

Borel Julien
(19..-....) Metteur en scène ou réalisateur
Dufieux Philippe
(1970-....) Commentateur

Pour les tenants d’une histoire de l’architecture fondée sur les ruptures, les expériences constructives et spatiales des premières décennies du XXème siècle entendent délibérément tourner le dos à la production de la période concordataire en affirmant une nouvelle modernité, du Raincy à Assy. C’est oublier combien cet héritage demeure prégnant dans la production de la première moitié du siècle et combien les modèles perdurent dans la culture contemporaine, qu’il s’agisse des coupoles de P. Abadie au Sacré-Cœur de Montmartre (1919) comme des variations orientalisantes autour de la basilique de Fourvière. En ce sens, la basilique Sainte-Thérèse de Lisieux, bénite solennellement en juillet 1937 par le cardinal Pacelli – futur Pie XII – au terme du 11ème congrès eucharistique national, s’affirme comme l’ultime conclusion de l’archéologisme du XIXème siècle, érigeant dans le ciel normand ses ambitieuses coupoles comme un véritable défi aux expériences modernistes de l’entre-deux-guerres. Pour les tenants du temps long, l’immuabilité du programme de l’église (J. Guadet), induit incidemment d’« innover selon la tradition » (dom Bellot) dans une conception dynamique (dom Delattre) dont l’ouvrage Art et scolastique de J. Maritain (1919) demeure le traité fondateur. Pour les zélateurs de cette troisième voie, la permanence du programme de l’église est aussi synonyme de continuité apostolique et liturgique dans une visée hautement théologique. Toujours est-il qu’entre archéologie et modernité, la loi de Séparation de l’Église et de l’État (1905) ouvre la voie à une période emprunte d’un souffle de liberté, étouffé un siècle durant par la police architecturale de l’État