Philippe Vasset. Une vie en l’air et sur la terre.

C’est pourtant bien un territoire que dessinait dans les années soixante-dix le projet d’aérotrain sur coussin d’air, entre Paris et Orléans. Une utopie de circulations accélérées et de « villes à la campagne » – dont ne subsiste plus que l’inutile monument, « vestige d’un avenir radieux qui n’avait jamais été », le monorail trace le rêve collectif d’une géographie parfaitement maîtrisée… tout aussi bien que son achoppement. Vouloir l’habiter, c’est s’installer à même la faille (géographique, temporelle) pour tenter d’y vivre, d’y inventer de nouvelles fictions.

Une vie en l’air poursuit à une autre échelle le mouvement de Carte muette (2004) autour des réseaux informatiques, et reprend celui d’Un livre blanc (2007), à la recherche des zones blanches dans les cartes IGN. Philippe Vasset a beau venir du journalisme d’investigation et de l’univers du renseignement, la mise au jour des réseaux, chez lui, mène moins vers l’exhibition de l’ossature du monde moderne que vers l’arpentage des lieux qu’il a laissés pour compte... et l’ouverture paradoxale d’un autre monde possible.

Dans l’auscultation contemporaine des larges infrastructures, qui le relie à des auteurs comme Aurélien Bellanger ou Maylis de Kerangal, il occupe ainsi une place singulière. Son questionnement des « grands projets » est mené sans dogme mais à la recherche de rituels, de conjurations (2013), de légendes (2016) – de littérature, en un mot… « Un lieu est-il autre chose que la surface d’inscription d’un rêve ? »

Avec : Philippe Vasset ; Marc Armengaud, philosophe et architecte ; Didier Faustino, artiste et architecte ;  Lek & Sowat, artistes urbains ; Raphaël Zarka, plasticien.

Modération : François Chaslin et Marie-Hélène Contal

Suivi d'une vente signature des ouvrages de Philippe Vasset Une vie en l’air, Éditions Fayard, 2018
et de Pierre Chaslin Rococo, Editions Non Standard, 2018