La bibliothèque Sainte-Geneviève, un jalon majeur du rationalisme architectural.

La longue bande de terrain attribuée à la future bibliothèque, face à l’imposant Panthéon, oblige l’architecte à repenser le schéma classique enseigné à l’École des Beaux-Arts, où les livres sont stockés dans des salles de lecture et des réserves disposées sans réelle séparation autour de cours intérieures. La façade de pierre, classique et très sobre, reflète la fonction du bâtiment. Ornée de 810 noms de savants, inspirée par la philosophie positiviste, elle proclame le progrès de l’humanité par le savoir.

À l’issue d’un travail de programmation inédit, Henri Labrouste adopte une organisation spatiale fonctionnelle fondée sur la séparation verticale entre la salle de lecture de quatre cents places au premier étage et les magasins au rez-de-chaussée. Il choisit le métal, alors réservé aux charpentes et aux édifices utilitaires, pour sa résistance au feu mais aussi pour son esthétique nouvelle.  Dans la salle de lecture, les grands arcs en berceau et les fines colonnes de fonte laissée apparente font partie intégrante du décor. La structure de fer supporte deux voûtes contiguës et permet une large pénétration de la lumière, largement dispensée par 41 fenêtres.

À l’intérieur, un long cheminement physique et spirituel mène le lecteur du sombre rez-de-chaussée orné en partie haute d’un apaisant décor de jardin, à l’escalier monumental dominé par une copie de l’ « École d’Athènes » de Raphaël, figurant les grands penseurs antiques, avant de pénétrer dans la lumineuse salle de lecture, lieu sacré du savoir.