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Gottfried Semper : de la polychromie aux arts textiles : les leçons de l'Exposition universelle de Londres (1851)

Captation de la conférence prononcée le 13 février 2014

Botbol François-Joseph
Metteur en scène ou réalisateur
Thibault Estelle
(1968-....) Commentateur

Si les réflexions sur l’ornement de l’architecte allemand Gottfried Semper (1803-1879), grand théoricien de l'architecture, trouvent leur origine dans les débats sur la polychromie, avec son essai de 1834 Remarques préliminaires sur l’architecture et la sculpture peinte chez les anciens, la grande Exposition universelle de Londres en 1851 a constitué un événement déterminant dans leur reformulation, à plus d’un titre. Tout d’abord, l’édification rapide de l’ossature du Crystal Palace, bientôt transfigurée par l’intervention colorée d’Owen Jones (1809-1874) comme par l’installation des tentures et autres dispositifs d’exposition, réactive les interrogations sur les relations entre structure et vêtement décoratif. Ensuite, le rassemblement en un même endroit des « industries d’ar » de tous les temps et de tous les lieux fournit une documentation exceptionnelle à qui s’intéresse aux formes ornementales. Outre l’ouverture à des modèles issus de toutes les traditions, l’évènement stimule des hypothèses nouvelles sur le développement des styles, depuis les métiers vers l’expression artistique la plus élevée. L’Exposition suggère enfin une classification des éléments architectoniques selon les motifs techniques originaires dont ils dérivent, céramique, textile, charpenterie et maçonnerie. Cette typologie donnera le plan de son ouvrage majeur, Le Style (1860-1863), dont le premier volume consacré aux arts textiles invite à reconsidérer la notion de revêtement. Plus globalement, les théories de Gottfried Semper, qui auront un impact indéniable sur les productions architecturales de la génération suivante, permettent d’envisager l’ornement comme le lieu d’une interaction subtile entre matériau, technique et expression symbolique