Saint-Jacques de Compostelle constitue une référence incontournable pour la culture européenne, surtout à l'époque actuelle où les Chemins de Compostelle suscitent à nouveau l'intérêt.
A l'occasion de la célébration de l'Année Sainte Compostellane en 2010, la Communauté autonome de Galice a souhaité mettre en lumière l'un des épisodes les plus glorieux de l'histoire du Chemin, celui de la construction d'une grande cathédrale destinée à accueillir les pèlerins. Ce chantier fut mené dans le contexte des échanges culturels et artistiques intenses qui marquèrent la chrétienté européenne aux XIe et XIIe siècles.
Le véritable protagoniste de cette histoire est le prélat Diego Gelmírez (1070?-1140), homme d'influence et voyageur infatigable, dont l'action, en tant qu'évêque puis archevêque de Compostelle, a été de transformer la cathédrale Saint-Jacques de Compostelle en un foyer de création au rayonnement unique en Europe, portant le pèlerinage compostellan au même niveau que celui de Jérusalem et de Rome. Cette exposition exceptionnelle, proposée par l'Agence Xacobeo sous le patronage du Conseil de Culture et de Tourisme de Galice avec la complicité de l'historien de l'art Manuel Castiñeiras, présente une sélection d'oeuvres choisies parmi les plus rares tout au long du chemin de Saint-Jacques, dans une exposition itinérante en trois lieux emblématiques : Paris, Rome et Saint Jacques de Compostelle.
Diego Gelmírez constitue à l'évidence une figure-clé pour comprendre la dimension universelle de Saint-Jacques de Compostelle comme centre de pèlerinage et berceau de la renaissance artistique et culturelle qui, depuis le XIIe siècle, a contribué à forger l'image européenne du Chemin de Compostelle en tant que territoire d'avant-garde. Sa détermination, au plan politique et ecclésiastique, s'est étendue bien au-delà de Saint- Jacques, et son esprit d'entreprise l'a mené sur tous les Chemins d'Europe. L'objectif de cette exposition est en particulier de retracer l'impact des deux voyages à Rome qu'il effectua en 1100 et en 1105 sur les chemins de pèlerinage français. Selon le Codex Calixtinus, ouvrage popularisé bien plus tard sous le titre du Guide des chemins de Saint-Jacques, quatre chemins principaux traversent la France : la via Tolosana (ou voie toulousaine), la via Podiensis (ou route du Puy), la via Lemovicensis (ou route de Limoges) et la via Turonensis (ou voie de Tours). Diego Gelmírez a suivi en partie deux de ces itinéraires. Durant son premier voyage, il est allé directement à Rome en passant par la via Tolosana, tandis que lors du second, il a fait un détour par Cluny en empruntant plusieurs tronçons de la via Podiensis et de la via Lemovicensis pour traverser l'intérieur de la France. Tout au long de ces chemins, Diego Gelmírez et sa suite, peut-être quelques artistes, ont pu découvrir les grands centres de céation de l'art roman en France, comme Toulouse, Moissac, Conques ou Cluny, donnant lieu à d'importants échanges artistiques avec les ateliers qui travaillaient déjà à Compostelle pour l'édification et la décoration de la cathédrale Saint Jacques. De la même manière, l'itinéraire de la via Francigena italienne (littéralement voie des Français) pour arriver à Rome et la visite de la Cité Eternelle constituent des événements décisifs dans la compréhension des autres particularités de l'art compostellan du tout début du XIIe siècle. À Paris, l'exposition se tient à la Cité au sein du musée, dont la Galerie des Moulages expose une collection monumentale de plâtres représentant les témoignages marquants de la sculpture médiévale française. Une partie de cette collection a donc été associée au propos de l'exposition : Moissac, Conques, Toulouse et Cluny, du fait de leur lien direct avec les voyages de Diego Gelmírez.
À l'extrémité de la Galerie, dans la salle Viollet-le-Duc, un document audiovisuel retrace les voyages de Diego Gelmírez en Europe, introduisant les quatre domaines qui forgent le socle de l'exposition : Saint Jacques de Compostelle et l'aventure du Chemin de pèlerinage ; Diego Gelmírez, les chemins français et Cluny ; Diego Gelmírez en Italie ; et enfin Diego Gelmírez au Portugal. Ce document témoigne du dialogue privilégié entre Saint-Jacques de Compostelle et les grands centres de création européens au début du XIIe siècle. Aux oeuvres de Pampelune, Jaca, Saint-Jacques de Compostelle, Altopascio (en Toscane, prés de Lucques) ou Modène, il faut ajouter d'autres oeuvres maîtresses comme les colonnes torses, dites salomoniques, de Cave (près de Rome) ou la correspondance entretenue entre Diego Gelmírez et l'évêque Atto concernant la donation d'une relique de Saint Jacques de Compostelle à la Cathédrale de Pistoia.
Sur le mur du fond de la salle Viollet-le-Duc sera présentée la reproduction du grand vitrail de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, représentant la Crucifixion. Elle est exposée en totalité pour la première fois au public grâce à la participation de la Fondation GDFSuez et de l'Association des Amis du musée. Deux sections viennent compléter l'exposition : L'âge d'or de la Cathédrale Saint Jacques de Compostelle montre les conséquences du long pèlerinage effectué par Diego Gelmírez sur Saint-Jacques de Compostelle même, à travers la restitution en trois dimensions de monuments disparus tels que la Porta Francígena (la Porte des Français) ou l'Altar Mayor (maître-autel) de la Cathédrale. La mémoire écrite d'un génie rend hommage à la volonté de Gelmirez de perdurer au delà de son temps, à travers L'Histoire Compostellane, des textes réunis dans le manuscrit du Codex Calixtinus ainsi que l'historiographie compostellane, depuis A. Murgía à R. A. Fletcher.
Parmi les oeuvres originales de l'exposition, les colonnes salomoniques de l'Eglise San Carlo à Cave sont particulièrement remarquables. Elles ont été soigneusement restaurées grâce à un financement de l'Agence Xacobeo et seront, à cette occasion, présentées pour la première fois dans une exposition temporaire. De même, les oeuvres provenant de Jaca, de Pampelune et de la Cathédrale de Braga, ou le bas-relief de Saint-Jacques de Altopascio n'ont jamais été exposés en France. Les outils multimédia constituent également un atout particulièrement original de l'exposition (vidéo retraçant les voyages de Diego Gelmírez à Rome, restitutions en images numériques 3D du maître-autel de la cathédrale Saint-Jacques et de la Porta Francigena).
Information
Galerie des moulages
Salle Viollet-le-Duc
1 place du Trocadéro
Paris 16e
Métro Trocadéro
Entrée comprise dans le billet d’entrée au musée
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Conception
Exposition conçue par l'agence du Plan Xacobeo du Ministère de la culture et du tourisme du gouvernement autonome de la Région de Galice (Espagne) et présentée par la Cité de l'architecture & du patrimoine / musée des Monuments français
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Ouvrage
Un ouvrage de synthèse a été édité à l'occasion de l'exposition (coédition Skira / S.A. de Xestion do Plan Xacobéo). Publié sous la direction scientifique de Manuel Castiñeiras, il est composé d'études scientifiques et de fiches raisonnées, agencées comme une monographie de référence. 448 pages - 250 illustrations couleurs - éditions en Français, Anglais, Italien, Espagnol et Galicien Prix : 59 €