Ciné-conférence : Représentation de la banlieue dans le cinéma
Par Aldo Bearzatto, co-directeur artistique du Festival Close-Up et animateur du podcast La Fabrique Urbaine.
Depuis sa création à la fin du XIXe siècle, le cinéma s’intéresse à la ville et filme dès le début du XXème siècle les faubourgs, la zone et la « banlieue ».
Elle fournit au cinéma une source d’images inépuisable. Entre regards nostalgiques et atmosphères plus sombres, les films ont longtemps oscillé dans des représentations ambivalentes.
Dalle d'Argenteuil, septembre 2005
L’image bucolique et de villégiature des bords de Seine et de la Marne est rapidement oublié après -guerre. En quelques années, la banlieue se transforme et les années soixante voient émerger les grands ensembles (Henri Verneuil) succédant à la zone. Les blousons noirs s’imposent dans l’actualité. Stigmatisée comme « vindicative », cette jeunesse, souvent absente de la sphère politique et médiatique – sauf pour dénoncer les faits divers – est représentée dans les imaginaires comme désœuvrée et sans avenir. C’est ainsi qu’elle investit le devant de la scène lors des premières révoltes urbaines au début des années 1980.
Le blouson de cuir a laissé place au sweat à capuche mais les thématiques (immigration, chômage, misère sociale, désœuvrement, insécurité, pression policière) sont les mêmes. S’y ajoutera la question prépondérante, et non moins récurrente, de l’intégration de la population que les pouvoirs publics ne veulent pas voir. De jeunes réalisateurs (Malik Chibane, Abdellatif Kechiche, Medhi Charef), principalement issus de l’immigration, font émerger ces thèmes qui seront repris par la suite (Mathieu Kassovitz, Jean-François Richet, Rabah Ameur-Zaïmeche) et aboutiront à la définition d’un genre, le « banlieue-film » en 1995. Ces films participent à une prise de conscience d’une relégation des quartiers populaires mais participent, dans le même temps, à la création et à la domination cinématographique, d’un certain stéréotype, le jeune de banlieue.
Si les stéréotypes sur la banlieue demeurent du fait d’une production dominante, une certaine diversité apparaît depuis une quinzaine d’année (Djinn Carrénard, Alice Diop, Rachid Djaidani, Houda Benyamina, Ladj Ly, ...) formant une « Double Vague » (Claire Diao). Elle permet de nuancer les approches, de s’éloigner des clichés de violence liés à la banlieue et d’offrir une autre image des quartiers populaires (Hafsia Herzi et Houda Benyamina).
Cette ciné-conférence sur la représentation de la banlieue dans le cinéma présentera les films et les invité.e.s du cycle qui se déroulera du 16.01 au 21.03.25.
Visitor information
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Auditorium
7, avenue Albert de Mun 75116 Paris
Accès côté jardins
Métro Iéna ou Trocadéro
Inscription obligatoire.
L’accès à la salle se fera dans la limite des places disponibles.