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Des intériorités paradoxales, entre mesure et démesure : Jacques Moussafir, Paris

Captation de la conférence prononcée le 3 novembre 2014

Borel Julien
(19..-....) Metteur en scène ou réalisateur
Moussafir Jacques
Commentateur

« J’aime que l’architecture soit complexe et contradictoire. » C’est par cette courte phrase que Robert Venturi introduit son « Petit manifeste en faveur d’une architecture équivoque » qui a guidé ma formation et ma pratique professionnelle. Près de cinquante ans après sa parution, De l’ambiguïté en architecture m’apparaît, encore aujourd’hui, d’une grande actualité. Ce texte écrit au milieu des années 1960 annonce le dépassement du purisme de l’architecture moderne et la relecture critique de l’histoire. À l’instar de la période troublée du maniérisme succédant à la plénitude de la Renaissance, il anticipe la fin du positivisme des trente glorieuses et l’avènement d’un état permanent de crise qui rappelle avec force la complexité du réel. L’objet de l’art n’étant pas de se conformer au réel mais de le sublimer, ma conviction est que l’architecture doit exprimer cette complexité tout en satisfaisant à ce que Venturi désigne comme « la dure obligation du tout ». À l’image du réel, je perçois le projet comme une résolution temporaire et fragile de tensions inéluctables. À l’heure des surenchères normatives, il est essentiel de préserver l’épaisseur d’indétermination et d’imaginaire qui confère à la réalité tout son relief. Je suis partisan d’une architecture expressive qui génère des espaces sereins réglés par une géométrie rigoureuse, une architecture ludique dont la mise en volume exprime des jeux de rupture d’échelle, d'intériorités relatives, ou de paradoxes structurels. L’architecture se situe en dehors du temps et détermine le contexte plus qu’elle ne le subit. La présentation d’une dizaine de projets donnera l’occasion de réinterroger les concepts architecturaux traditionnels d’Intériorité, d’Espacement et de Parcours, ainsi que les rapports à la matérialité et à l’éthique." D'après Jacques Moussafir